Depuis ses débuts, Viva Fabrica ! œuvre à la construction d’un projet qui est porteur de sens pour la filière industrielle, et notamment mécanique. Ce dernier a été initié par Bruno Grandjean qui était alors Président de la FIM (Fédération des Industries Mécaniques). Pourquoi avez-vous décidé de poursuivre cet engagement ?
Ce projet a vu le jour avec l’appui de la FIM à une époque où l’industrie française était victime d’une certaine forme de dénigrement. Cette initiative répondait donc à un enjeu : changer en profondeur le regard que porte la société sur l’usine. La FIM ambitionnait de la célébrer et d’en faire une source de fierté pour la population, et surtout pour les jeunes. Et de faire vivre une expérience industrielle au cœur des villes ! Plus largement, il s’agissait aussi de créer une vraie marque employeur transverse pour l’industrie.
Notre objectif était alors non pas de promouvoir telle ou telle marque, mais bien de mettre en avant la richesse des métiers industriels. Cela a bien fonctionné, car l’image que portent les jeunes sur l’industrie est bien meilleure qu’elle ne l’était il y a quelques années. Viva Fabrica ! ne peut pas prétendre seule à ce succès. Mais Viva Fabrica ! a évidemment contribué à restaurer les liens entre l’industrie et la jeunesse française.
Les débuts n’en ont pas moins été compliqués puisqu’il a fallu convaincre les acteurs du milieu de la nécessité d’un tel projet. Cela, alors même que bon nombre d’entre eux étaient encore réticents, voire sceptiques. Bruno Grandjean est néanmoins parvenu à convaincre Jean-Bernard Lévy, alors directeur général d’EDF, de s’investir. Cela a permis de remédier à un certain nombre de difficultés, notamment financières, en plus de donner un nouvel élan à l’Usine extraordinaire, rebaptisée depuis Viva Fabrica ! La FIM y a joué un rôle essentiel, en tant qu’initiatrice du projet bien évidemment, mais aussi en tant que médiatrice et facilitatrice.
La prochaine édition de Viva Fabrica ! se tiendra justement dans les Hauts-de-France, à Lille, un territoire hautement symbolique pour les filières industrielles. L’image de ce territoire est en pleine transformation. Comment Mecallians, qui est la nouvelle marque de l’industrie mécanicienne, participe-t-elle à cette refondation ?
Il est vrai que le Nord est un vieux bastion industriel en pleine mutation. Le textile a laissé sa place à la distribution. Les megafactories de batteries, l’informatique et la sidérurgie ont supplanté les exploitations minières.
En s’unissant au Cetim et à l’UNM, pour créer la bannière Mecallians, la FIM participe à cette transition. Mecallians regroupe désormais de nombreux acteurs de l’industrie mécanique. Un premier ouvrage dénommé Une industrie mécanique décarbonée, coécrit avec l’Ademe et notre centre technique, a déjà été présenté lors de Global Industrie, salon incontournable des acteurs de l’industrie française. Loin de se limiter à un manifeste, celui-ci vise à constituer un vrai outil de pilotage et d’assistance.
Mecallians va également lancer la première formation structurante de 18 mois, en collaboration avec Bpifrance. Celle-ci offrira aux chefs d’entreprises de PME membres de Mecallians un certain nombre de méthodes en matière de développement stratégique et autour des enjeux de décarbonation et de neutralité carbone.
On dit souvent que les jeunes ont des exigences supplémentaires, notamment sur les sujets environnementaux. En tant que dirigeant industriel, vous êtes vous-même l’exemple d’une vraie révolution personnelle sur ces sujets. Est-ce que vous avez le sentiment que cette quête de sens constitue encore exclusivement l’apanage des jeunes ?
Je crois que l’on doit beaucoup à la quête de sens initiée par les jeunes. Celle-ci nous a amenés à repenser notre rapport à l’environnement et à réfléchir à comment réduire les déchets, consommer moins, favoriser l’écoconception ou encore faciliter le recyclage.
Les jeunes ont permis à l’exigence écologique d’être diffusée dans toutes les couches de la société, et dans l’écosystème transgénérationnel d’une entreprise. La réciproque est que ces derniers ont aussi compris que l’industrie fait complètement partie de l’équation. On ne réussira pas la transition environnementale sans l’industrie !
Cette prise de conscience ne se limite plus seulement à la jeunesse, mais bien à tous les secteurs, industrie comprise. Cela est d’ailleurs d’autant plus vrai pour la filière mécanique. Tant mieux !
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