Bruno Grandjean, Ex-Président de la FIM

Bruno Grandjean, Président de la Fédération des Industries Mécaniques de 2016 à 2019 et de REDEX depuis 2005, fait partie des cofondateurs de Viva Fabrica !

Il a accepté de revenir sur la genèse de la fondation.

Aux côtés de plusieurs industriels, vous décidez en 2016 d’initier ce qui ne s’appelait pas encore Viva Fabrica ! alors que vous êtes président de la FIM (Fédération des Industries Mécaniques). Quel est le point de départ de cet engagement ?

 

Tout est parti d’une mobilisation de plusieurs chefs d’entreprises en faveur de l’industrie. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un décrochage, voire une forme de malentendu avec les Français. L’industrie avait conservé une image à l’ancienne, un peu dépassée et vieillissante, qui n’était plus représentative de la réalité. Notre mobilisation visait à actualiser et redorer l’image de l’industrie en France, tout en suscitant des vocations industrielles chez les jeunes.

 

Avec d’autres industriels, je prônais l’importance du militantisme en faveur de l’industrie. Le faire en créant une fondation, c’est l’outil qui nous a semblé approprié pour valoriser l’intérêt général du secteur industriel. L’industrie est aussi un facteur de souveraineté, rouage indispensable de la prospérité. Nous avons senti l’importance collective pour le pays de se doter d’une industrie forte. C’est un pari réussi : en 2024, l’industrie, on ne parle que de ça !

 

Le secteur industriel est une fenêtre sur le monde, pour des territoires parfois marginalisés. Nous avons très vite affirmé notre volonté d’ouverture internationale. Les territoires industriels se sont immédiatement mobilisés à nos côtés ; je pense notamment à l’industrie méditerranéenne, qui a porté des initiatives fortes à Marseille et Nice. Il fallait valoriser la mise en relation de ces hommes et femmes via des projets technologiques ou industriels.

 

Pour redorer l’image de l’industrie et combattre cette incompréhension entre la société française et son industrie, quels ont été vos premiers axes de travail ?

 

Nous avons immédiatement voulu redonner une dimension collective au secteur industriel. Au-delà de problématiques purement industrielles, nous avons perçu un sujet plus large, sociétal et politique. Ce défi à l’esprit, nous avons façonné un outil capable de s’écarter de l’influence traditionnelle du lobbying pour investir le cadre de l’intérêt général et de la culture.

Nous avons cherché à mobiliser toutes les passerelles de notre écosystème. L’industrie ne se résume pas à ses chefs d’entreprises ! Il a fallu entraîner les salariés, les apprentis, les retraités, les jeunes, les professeurs, qui sont de véritables prescripteurs.

L’histoire politique française du XIXe siècle raconte un « problème culturel » avec l’industrie, toujours associée au conflit et à l’exploitation. Cela ne correspond absolument plus à la réalité. Nous avons voulu mettre un terme à ce malentendu en diffusant des valeurs positives et en nous tournant vers la jeunesse et l’avenir.

C’est pourquoi nous avons fédéré un mouvement collectif : à partir du moment où on transforme et on exporte des valeurs communes, il faut s’appuyer, non seulement sur les chefs d’entreprise, mais aussi sur les salariés, le tissu économique local, les filières de formation et la recherche.

Est-ce qu’un moment vous semble clé dans le parcours de la fondation ?

Un des moments phares, qui a permis de fédérer la totalité des familles de l’industrie (PME, ETI, grands groupes) autour de ces valeurs communes, c’est l’exposition qui a eu lieu au Grand Palais en 2018.

Nous avions choisi ce lieu, car l’industrie est intimement liée au monde de l’art et de la création. Il n’y a qu’à voir : Léonard de Vinci était un artiste et un ingénieur.

Selon moi, il s’agit d’un des premiers moments où nous avons envisagé de régler ce problème culturel autour de l’industrie. L’événement a produit ses effets : depuis 2018, nous voyons une effervescence de rapports, de séminaires, d’ouvrages et d’expositions sur la thématique de l’industrie.

L’industrie devient une composante de notre culture populaire contemporaine. Tant mieux !

Un autre temps fort, c’est le lancement de l’exposition autour du « Made in France » à l’Élysée, qui a désormais lieu tous les ans.

La clé de la réussite, c’est que nous proposons à des passionnés de se mobiliser pour valoriser ce qu’ils font : de l’innovation, des machines, des produits.

 

Nous ne faisons pas de la promotion, nous nous mettons au service du collectif. Je souhaite que ces valeurs et cet engagement prospèrent, car le combat n’est pas terminé.